Mercredi 20 octobre - Sylvain Tesson est amoureux des Russes et de la Russie, un grand amoureux même. De l'âme Russe - amour de la nature, fatalisme, etc. Alors dans son dernier livre "S'abandonner à Vivre" il en parle encore et va même créer un néologisme à partir du russe "pofigizma" qui n'a pas de traduction. Exceptionnellement je cite longuement un extrait de sa nouvelle "Le train" p.201 (Gallimard) mais c'est tellement vrai.
["Pofigisme n'a pas de traduction en français. Ce mot russe désigne une attitude face à l'absurdité du monde et à l'imprévisibilité des événements. Le pofigisme est une résignation joyeuse, désespérée face à ce qui advient. Les adeptes du pofigisme, écrasés par l'inéluctabilité des choses, ne comprennent pas qu'on s'agite dans l'existence. Pour eux, lutter à la manière des moucherons piégés dans une toile d'argiope est une erreur, pire, le signe de la vulgarité. Ils accueillent les oscillations du destin sans chercher à en entraver l'élan. Ils s'abandonnent à vivre". " Les Russes sont tous atteints à des degrés divers par cette torpeur métaphysique. Les Européens de l'Ouest, eux, ont oublié ce qu'ils doivent au stoïcisme, à Marc Aurèle, à Epictète. Ils méprisent ce penchant à l'inertie. Ils lui donnent le nom de fatalisme, font la moue devant la passivité slave et repartent vaquer à leurs occupations, les manches retroussées et les sourcils froncés. L’Europe de Schengen est peuplée de hamsters affairés qui, dans leur cage de plastique tournant sur elle-même, ont oublié les vertus de l'acceptation du sort."] Passage qui va me rester en mémoire bien longtemps... C'est beau.

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