Mercredi 6 septembre - Je commence la lecture de "Porca miseria" de Tonino Benaquista. Né en France de parents italiens ayant du quitter la Province de Frosinone – une des plus pauvres d'Italie. Il raconte de petites anecdotes sur sa famille et la vie d'immigrés. Son livre commence ainsi:
"Je revois mon père à table, lancé dans une litanie haineuse contre la terre entière, pendant que nous, ses enfants, attendons qu’il boive son dernier verre. Parce qu’il l’a rempli à ras bord, il procède sans la main, et le voilà penché, les lèvres posées sur le rebord du verre pour en aspirer la première gorgée, puis il le vide d’un trait. Il entreprend alors un périlleux parcours vers son lit, seul, ou soutenu par ma mère les soirs où il a forcé la dose ; il se heurte contre une porte, lâche un juron, porca miseria !, bouscule la table de chevet où est posé un cendrier, puis s’écroule pour de bon.
Délivrés de sa présence, nous retrouvons l’usage de la parole. Un semblant de gaieté s’invite à table. Nous évoquons notre journée, partageons le dessert s’il y en a, et découvrons dans le programme télé ce que nous réserve l’unique chaîne de l’époque. Cette heure-là est intense. À la nuit tombée, nous ressemblons à une famille.
Le lendemain, à mon réveil, il est parti à l’usine. Au déjeuner, il a déjà son compte. Le dimanche il s’y prend encore plus tôt, sans doute pour affronter l’angoisse de cette morne journée que notre présence n’égaye pas"
Un texte que je trouve très beau et juste - qui m'a incité à prendre ce livre à la bibli.
Un texte que je trouve très beau et juste - qui m'a incité à prendre ce livre à la bibli.
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